Confinement, gestes barrières et déplacements limités… Quels défis créatifs nouveaux pour nos métiers de consultants-formateurs en intelligence créative cette crise sanitaire nous offre-t-elle ? Ne sommes-nous pas aux prémisses d’une mutation de nos modes d’intervention ?
Face au confinement, on a le choix : se dire « C’est foutu, finies les formations en présentiel, les recherches créatives, les projets d’innovation en intelligence collective ! » ou alors pratiquer le fameux « WHAT’S GOOD ABOUT IT ? » (Traduit par moi en « kentirerd’bon ? ») qui est à la fois une technique et une posture créative développée par Sidney Shore, un des précurseurs de la créativité aux USA.
Animer des formations à distance : défi relevé !
Très vite Iris-Créativité a expérimenté la transformation de formats d’intervention créative (formation ou réflexion collective en intelligence créative) en ce que nous avons appelés « du présentiel à distance » afin de rester fidèle à notre ADN pédagogique « apprendre en faisant ».
Surpris de la pertinence pédagogique offerte par ces formats sur certains registres, nous continuons à explorer l’éventail des possibilités d’outillage qui nous sont offertes pour répondre à ces nouveaux défis :
- Comment faire pour surfer sur les apprentissages que nos clients sont en train de faire en termes de travail collaboratif en ligne ?
- Comment faire pour se préparer à de nouvelles façons de travailler à venir ?
- Comment faire pour préserver une partie de nos activités ?
Ce qui peut se traduire par…
- Transformer nos formats conçus en présentiel en formats d’intervention à distance ?
- Nous approprier les nouveaux outils de collaboration et de co-création en ligne ?
- Inventer de nouvelles offres à proposer à nos clients ? plus court / métissage présentiel/distanciel, outils pédagogiques différents…
Pour se préparer à ce grand changement, nous avons organisé du 22 avril au 6 mai une formation-action auprès du réseau Iris Créativité. 26 membres de l’équipe de consultants-formateurs et des certifiés se sont rassemblés. Au programme : une alternance de formation interactive, de webinaire, d’expérimentation d’outils de travail de co-création à distance, de réflexions créatives en groupes de pairs, de co-conception de repères par rapport aux enjeux du présentiel à distance.
Nous nous sommes bien sûr appropriés les différents outils collaboratifs en ligne : outils de visio-conférence, outils de partage d’information, outils de participation et d’interaction rapides, bacs à sable et murs collaboratifs.
De plus, nous avons mené une réflexion sur ce qui nous tient particulièrement à cœur pour faciliter la créativité : les modalités d’inclusion des participants, la place du corps, du mouvement et de l’émotion, les modalités de travail procurant plaisir et fun et les activités créatives spécifiques (ex : photolangages, regroupement d’idées, sélection d’idées, prototypage).
Enfin, nous avons abordé certaines spécificités d’animation : coaching individuel, coaching collectif, formation, Hackathon.
Kentirerd’bon ?
Nous avons tiré de ces 3 semaines de travail intensif de magnifiques enseignements. Nous repartons avec courage et motivation pour aborder de façon optimiste cette « révolution numérique » de nos métiers sans y perdre notre âme.
Oui, nous pouvons « appendre en faisant », à distance.
Oui, nous pouvons embarquer avec nous des personnes éloignées du numérique.
Oui, nous pouvons proposer des activités pédagogiques ou de réflexion en intelligence créative dans le plaisir.
Et non, le distanciel ne permet pas de tout faire. Il est des situations dans lesquelles la présence physique, le besoin de faire ensemble en proximité physique et émotionnelle ne peut se transposer à distance.
Non, les dispositifs de formation en « présentiel à distance » ne permettent pas de rassembler plus d’apprenants que le vrai présentiel à proximité. Je dirais même que pour être fluide et efficace, il ne faudrait pas dépasser 8 participants.
Non, le distanciel n’est pas meilleur marché. De fait, l’investissement en ingénierie amont prend deux fois plus de temps que la conception d’une formation en présentiel.
Non, le distanciel ne nous permet pas d’atteindre les mêmes objectifs que le présentiel. Différentes raisons : apprentissages secondaires gommés (neurones miroir les uns / les autres), temps d’échange beaucoup plus longs, saturation et fatigue physique et visuelle nécessitant beaucoup de pauses découpage en micro-séquences…
Non, le distanciel ne doit pas mener à une « industrialisation » de la formation ou des recherches en intelligence créative collective.
Éthique et numérique
Nous entrevoyons déjà la nécessité d’identifier les limites éthiques et de business plan générées par de nouvelles exigences clients, telles que : enregistrement des formations, confidentialité, droit à l’image, droits d’usage et de duplication des enregistrements, des documents, des créations collectives, démarches consuméristes de la formation sur étagères… Nous ne voudrions pas nous transformer en Youtube de la créativité, avec des formations accessibles en streaming. A cet égard, les formats à distance se doivent de rester fidèles aux exigences pédagogiques prévues par le législateur en matière de FOAD.
Sur ces bases, Iris Créativité est prêt à construire ce nouveau chemin en marchant dans une démarche constructiviste, et à offrir des nouvelles réponses inédites et innovantes, dont la qualité d’âme de son ingénierie et de son animation permettront de dépasser l’éloignement physique, la « froideur » des médias et l’aspect « sec » et « cerveau gauche » induit par l’outil numérique.