J’ai vécu ces dernières semaines des animations et formations en dents de scie ; soit vraiment magiques, soit difficiles. Ceci a déclenché en moi plusieurs questions, notamment celle-ci :
Qu’est ce qui fait que quelque chose de « magique » se passe, même dans une salle minuscule, surchauffée, avec un grand groupe fatigué ou pas motivé et un animateur (moi 😀 ) très enrhumé ?
La réponse m’est venue sous la forme d’un dessin effectué quelques jours avant comme tentative de répondre à cette même question dans le cadre de mon couple. Je crois qu’il s’agit d’arriver à faire de l’instant un ÉVÈNEMENT et de créer les conditions et dispositions intérieures par lesquelles l’émerveillement redevient possible quelque soient les contingences et contextes. Le flop est toujours possible et c’est une co-création avec les participants, mais j’aime à penser qu’il s’agit justement de co-créer un moment qui débranche des choses à faire, des anticipations et projections au delà de l’instant présent. Les enfants de mon dessin ne font qu’une chose « banale » : se toucher le bout des pieds, et ils vivent pourtant cela comme une merveilleuse nouveauté !
Inspiré par ceci, je crois qu’il s’agit d’entrer dans cette réjouissante banalité au cours de laquelle l’animateur et le voisin de chaise deviennent complices d’un évènement partagé, d’un moment hors du temps. Les grecs appelaient « Kairos » ce temps qualitatif de l’instant enchanté ou pertinent, par opposition à « Chronos », ce temps dans lequel nous sommes au quotidien, ce temps qui s’écoule et il faut dès lors l’optimiser pour faire plus en moins de temps. Je pense que chaque animateur a sa façon personnelle d’entrer dans Kairos et d’y inviter le groupe tout en dansant avec Chronos pour qu’il se mette au service de Kairos.