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Être créatif au quotidien

L’art de différer son jugement

Écrit par 18 novembre 2019juin 9th, 2020Pas de commentaires6 min
differer son jugement

Je suis toujours émue lorsque Isabelle explique à un groupe qu’elle a pris la décision de fonder le Centre Iris de formation à la créativité lors d’un atelier intitulé « L’Art de différer son jugement »  que nous avions co- créé à Crea-Conference avec Matteo Catullo, Jeanne Chatignie et Lee Dunne. Elle dit avoir pu prendre ce risque précisément parce qu’elle venait d’expérimenter 3 jours durant cette posture fondatrice de la pensée créative : la suspension délibérée de son jugement critique sur une situation, un problème à résoudre.

Pourquoi cette posture est-elle essentielle ?

Suspendre son jugement critique ouvre les vannes à l’exploration de tous les possibles et de toutes les manières d’essayer de penser comment lever les impossibilités du moment, ce que nous considérons comme impossible parce que nous nous limitons nous même : nos peurs nous limitent, nos présupposés, préjugés, biais cognitifs nous limitent. Ouvrir les portes à toutes les idées de solution, même les plus folles, associer, combiner, rêver, générer une quantité d’idées, c’est-à-dire pratiquer la Divergence. Pour pratiquer efficacement la pensée divergente, il est nécessaire d’« obliger » son cerveau à suspendre son jugement critique de façon « délibérée ».

Pensez à combien de fois vous vous êtes freiné en préparant une animation, vous préférez rester dans vos outils habituels, ne pas prendre de risques parce qu’une vilaine petite voix vous susurre « ils ne vont pas accepter de jouer le jeu, ne vont pas comprendre, je vais me ridiculiser ». Et du même coup vous privez vos clients de la possibilité de décadrer et expérimenter la nouveauté.

Pensez à combien de fois en réunion vous avez eu une idée que vous n’avez pas osé formuler jusqu’au bout parce que trop vague, pas assez ceci ou cela, en fait par crainte qu’elle ne soit pas acceptée.

Pensez à combien de fois, en animant une phase de convergence d’une génération d’idées, vous devez déployer votre savoir-faire pour que le groupe explore des germes d’idées nouvelles inspirantes, plutôt que de rester dans sa zone de confort et choisir des idées faciles peu innovantes.

Un cerveau créatif ?

Pourquoi cette nécessaire intervention de notre volonté ? Nos collègues américains parlent de « deliberate creativity » indiquant ainsi que cette suspension du jugement critique ne va pas de soi.

Les approches neuro-cognitives nous offrent un éclairage fort intéressant des mécanismes à l’œuvre lors du traitement de l’information. Notre pensée, nos émotions et nos jugements sont gouvernés par plusieurs territoires cérébraux orientant notre comportement. Plus les réseaux neuronaux et territoires impliqués sont anciens d’un point de vue phylogénétique, plus les comportements qu’ils induisent sont stéréotypés et rigides (peu ajustables à l’environnement).

Notre état d’esprit ou « Mode mental » selon les approches neuro-cognitives, induit des comportements associés, une attitude. Nous fonctionnons à partir de deux modes mentaux :

  •  Notre « mode mental automatique » est réactif. Il réagit le plus rapidement à une information. Des territoires archaïques de notre cerveau le gouvernent et il est inconscient. Il se caractérise par l’attrait pour le familier, l’efficacité dans la maîtrise du connu, la peur de la nouveauté, la résistance au changement, la tendance à la simplification notamment. Il est très pratique au quotidien pour fonctionner en pilote automatique. On peut comprendre cependant les impacts négatifs que peut avoir un tel état d’esprit pour le processus créatif : l’incapacité à s’interroger au-delà de l’évident, à imaginer des alternatives, à comprendre un point de vue différent par exemple.
    Chaque fois que nous répondons à une suggestion par un « OUI, MAIS… » réactif, notre mode mental automatique archaïque est à l’œuvre et risque de nous enfermer dans nos routines !
  • Notre « Mode mental adaptatif » réflexif et accessible à la conscience, est gouverné par le néo cortex préfrontal, qui devient mature entre 20 et 30 ans. Il est capable d’aborder l’inconnu et de gérer des situations complexes grâce à des caractéristiques spécifiques telles que : la flexibilité, la curiosité, l’ouverture, la prise de recul, la réflexion et le sens des nuances. On perçoit bien son utilité dans le processus créatif pour se poser des questions, explorer positivement ce qui dérange, faire grandir les germes d’idées, rebondir, diverger et SUSPENDRE SON JUGEMENT. La pratique du « OUI !.. ET… » , de « l’Avocat de l’Ange », du « ET SI… » en concrétise la posture.

Malheureusement ce mode mental préfrontal n’est pas le plus rapidement réactif. Il nécessite d’être mobilisé au service de la créativité. L’approche neuro-cognitive appelle ce mécanisme délibéré « la bascule préfrontale ». Concrètement le mode mental adaptatif peut être sollicité / recruté par des techniques très utiles pour les praticiens de la créativité. Ces techniques sont d’ordres divers : sensorielles, émotionnelles, cognitives ou comportementales.

Ainsi les approches neuro-cognitives procurent-elles aux praticiens de la créativité des clefs de compréhension scientifiques, qui nous permettent d’éclairer la justesse de nos méthodes.

Sur le même sujet, la prochaine formation Iris Créativité

Neurosciences et créativité
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