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Méthodes et Techniques

Le “Brainstorming” : efficace ou pas ?

Écrit par 26 mars 2020mai 31st, 2020Pas de commentaires7 min
Avantages et limites du brainstorming

« Tu t’intéresses à la créativité ?  » … « Ah ! Bon… Tu fais du brainstorming…  »

Telle est la réflexion que l’on entend le plus souvent quand on évoque l’activité consistant à chercher des idées par des méthodes appropriées ou à résoudre des problèmes en suivant une procédure d’invention.

Le mot « brainstorming » a connu historiquement une fortune extraordinaire et il est utilisé aujourd’hui dans le monde entier.  Il est arrivé au mot « brainstorming » la même aventure qu’au mot « frigidaire » : il est devenu générique. Il ne désigne plus une spécificité originale recouverte par « une marque », ici une pratique d’animation structurée, mais, d’une façon générique une manière de se comporter en réunion dans certaines circonstances pour l’autre.

N’importe où sur la planète, à Pékin comme à Denver, à Paris comme à Melbourne, si l’on sent qu’une discussion tourne en rond, si l’on se sent un peu coincé dans une réflexion, qu’elle concerne un programme marketing ou l’organisation d’un tournoi de rugby, il y a un moment où quelqu’un lève la main et suggère : « et si on faisait un brainstorming ? ».

« Brainstorming », en fait, est le nom donné par Alex Osborn (How to think up, 1948) à une technique spécifique de recherche d’idées. Osborn était publicitaire et au départ son intention était de mettre au point une démarche destinée au personnel de son agence, agacé qu’il était à avoir une faible valeur ajoutée créative des réunions rassemblant « les créatifs », les directeurs de projet, pourtant tous éminemment créatifs. Ces réunions devenaient de véritables séances de « ball-trap d’idées » où chacun rivalisait d’énoncés idéicides de type « çà a déjà été fait », « c’est pas dans l’ADN de notre client », « c’est pas nouveau », …

Le Brainstorming repose sur quatre règles de base

1) Suspendez le jugement. Ne critiquez pas

Ne dites pas : ça ne se peut pas, ce n’est pas possible, ce n’est pas pour nous, on n’aura jamais le temps, on l’a déjà fait, ça existe déjà, on connaît déjà…

2) L’imagination la plus folle est la bienvenue

Exprimez librement tout ce qui vous passe par la tête, y compris des choses qui paraissent absurdes, inutiles, impossibles à faire, enfantines, ou … banales.

3) Cherchez la quantité

Produisez des idées, produisez, des idées, produisez des idées… Le flot d’idées, « à la mitrailleuse » libère l’imagination. La quantité génère la qualité.

4) Associez les uns sur les autres

Associez, associez sur les autres ! Toutes les idées émises doivent « ricocher » des unes aux autres. « Piquez les idées des autres », les idées vont devenir des « idées du groupe », votre idée est la pièce de puzzle.

Cet extraordinaire succès de l’appellation devenue une marque de fabrique présente des aspects positifs et des aspects négatifs.

Aspects positifs

Avant d’être une technique, le brainstorming est un langage. Alors que dans le langage rationnel, on enchaîne les informations suivant les principes de la logique où chaque information est liée à la précédente par un lien (exprimé ou sous-entendu) qui entraîne la compréhension immédiate par les autres, à l’inverse, les informations spontanées dans le langage associatif se relient suivant un système de relation non cohérent, non logique, aléatoire ou explicable seulement par la géographie de l’inconscient.

Premier aspect positif : Il faut reconnaître qu’Alex Osborn a offert une nouvelle manière de se comporter en groupe à tous les hommes de la planète. Il y a un côté « non cogito ergo sum », dans sa démarche. En effet, elle affirme solennellement à tous les hommes, qu’ils ont le droit légitime, de temps à autre et pour une durée limitée, de « suspendre leur jugement » et d’émettre des propositions éventuellement non rationnelles.

C’est un fait : la pratique du brainstorming libère l’expression, libère des énergies, casse les pesanteurs  sociales, brise les tabous culturels, dynamise les groupes.

Second aspect positif : objectivement, ça marche !

N’importe quel observateur objectif, reconnaîtra qu’un brainstorming bien animé, avec une équipe motivée, dans un temps relativement court, produit des idées. Des idées en grande quantité (c’est le principe N°3); en grande partie folles (c’est le principe N°2) mais parmi lesquelles on trouvera après une séquence de filtrage des idées réalistes, nouvelles et qui marchent !

Aspects négatifs

Les critiques que l’on peut faire au brainstorming sont liées en partie au succès de la méthode.

Critiques banales : La technique brainstorming se prête à la caricature. C’est le défaut qui consiste à appeler “brainstorming” n’importe quoi, et notamment une réunion informelle de personnes où, dans un temps limité, sans animation, sans formation, sans méthode, chacun est invité à dire « n’importe quoi » et si possible des énormités pour faire rire les autres. La liberté, inhérente au principe du brainstorming, se retourne parfois contre la méthode et la transforme en caricature.

Critiques fréquentes : la notoriété du brainstorming masque la diversité des autres techniques créatives : les techniques projectives, graphiques, oniriques, sensibles, etc. Il existe en fait de très nombreuses manières de produire des idées.

Critiques de fond : la différence essentielle, structurelle, entre le brainstorming et les autres approches tient au fait que le brainstorming “noie” le processus de connexion dans la masse de sa production. Je m’explique : le brainstorming, par principe, propose de mettre tout sur la table; des « idées » banales ou des « idées » originales, des « idées » réalistes ou des folies invraisemblables. Mais il ne produit pas systématiquement “des connexions” entre ces deux extrêmes, à partir de techniques particulières. Il n’opère pas, volontairement, la distinction entre ces deux étapes de production alors que les autres démarches (que nous décrirons par ailleurs) vont précisément mettre l’emphase sur cette distinction.

Rappelons que l’essentiel de la création des idées tient précisément à l’organisation d’un processus de croisement entre ces deux pôles.

En résumé

Il faut situer la technique brainstorming à sa véritable place qui est importante (merci Alex) :

– le brainstorming constitue un outil d’apprentissage indispensable pour les nouveaux participants d’un groupe de créativité,

– c’est une technique utile en début de séance, pour lancer les groupes. C’était d’ailleurs l’avis d’Alex Osborn qui disait : “les séances de brainstorming peuvent ouvrir des pistes vers la solution ultérieure des problèmes”…

– c’est une méthode bien adaptée pour produire des idées, dans un temps limité, pour certains types de problèmes.

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