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Le corps, allié précieux pour développer notre créativité

Écrit par 8 avril 2021avril 14th, 2021Pas de commentaires7 min
le corps allié précieux pour développer notre créativite

Ce matin, comme tous les matins, j’ai commencé la journée par le rituel de yoga des « 5 Tibétains » que je pratique depuis plusieurs années avec un grand bénéfice de vitalité et d’élan. Tous les matins, j’éprouve le besoin de réveiller mon corps et de l’étirer, de déchiffonner la matière des crispations de la nuit. Étirer chaque articulation rétive, la détendre, la rendre plus souple, plus agile, et la remettre en mouvement. Et c’est avec soin, concentration, sollicitude, que je prends conscience de mes crispations, de mes raideurs pour les détendre. Et tout à coup, je réalise que chaque pensée critique émet une crispation dans mon corps, un serrage dans ma mâchoire.

« Tout acte de jugement est un acte de violence » dit le colonel Kurtz, alias Marlon Brando, dans Apocalypse now. Le jugement critique s’accompagne d’une violence faite à notre corps. Cette violence typique des automatismes du cerveau reptilien : la défense par l’attaque ou la fuite ( « Fight or Fly » ) ou l’inhibition, la paralysie ( freeze ). Chacun de ces automatismes se traduit par des crispations du corps ( voir article BlogIris : L’art de différer son jugement). C’est ainsi que notre corps est pétri de ces empreintes de tensions.

Le corps, allié de la pensée

Quelles pensées peut produire un corps tendu ? Une pensée rabougrie, repliée sur ses codes, présupposés, croyances et projections limitantes ? L’inverse de la fluidité, flexibilité, aptitude à accueillir l’insolite de la pensée créative. Tout l’inverse de l’ouverture, du jaillissement sans effort et jubilatoire, que nous éprouvons dans les moments de Flow créatif.

Ce que nous recherchons délibérément avec nos échauffements créatifs, c’est cette « lubrification des neurones », cette détente porteuse d’agilité mentale. Ce relâchement invite cette détente qui permet des associations de plus en plus aisées et abondantes. Elle est propice aux connexions nouvelles, sémantiques, émotionnelles, visuelles. Se mettre en roue libre, faire danser nos neurones, ne peut advenir dans un corps crispé par le stress ou le jugement critique.

Les liens entre une pensée (un jugement), une émotion et sa traduction dans le corps (sensation – comportement) ont été mis en évidence par les approches neuro-cognitives (triangle de Beck). Notre corps s’avère un allié précieux, si nous portons délibérément attention à son langage, celui des sensations. Il est une voie vers plus de conscience.

Des pratiques pour nourrir la créativité par la corps

Des pratiques spécifiques puissantes explorent les interrelations entre le corps, le mouvement, et les émotions, les pensées, l’imagination créative. J’en aborderai brièvement quatre que j’ai personnellement traversées.

Sur le versant du développement personnel. Le Life Art Process élaboré par Anna Halprin a pour but de développer une relation active et créative avec soi-même. Ses pratiques explorent « la sagesse du corps ». Elle s’exprime à travers le mouvement, la danse, en lien avec le dessin et toute forme d’expression créative. La combinaison du mouvement et des arts expressifs y est un vecteur essentiel pour développer ses ressources créatives, intégrer des changements et de nouveaux savoirs.

Dans le champ de l’innovation. Le modèle des 4 éléments est une approche de créativité intégrative. Développé par Isabelle Jacob, cette approche propose une imprégnation dans le défi créatif préalable à la génération d’idées, par le mouvement et le dessin, qui s’avère d’une grande puissance de décadrage.

Sur le versant du leadership créatif. Le Leadership Embodiment, pratique corporelle développée par Wendy Palmer et inspirée des arts martiaux. Elle intègre les connaissances des neuro-sciences sur les liens corps / émotions / pensées. « Comment notre manière de nous asseoir et de nous tenir debout peut changer notre manière de penser et de parler » écrit Wendy Palmer. Ces pratiques visent à développer une qualité de présence, à gérer les réactions automatiques et le stress, en vue d’une congruence relationnelle sans effort. 

Sur le versant de l’innovation sociale. Le Social Presencing Theater accompagne le processus U, élaboré par Otto Scharmer. C’est une pratique d’exploration et d’apprentissage via le corps ( Embodiment practice – Embodied learning ). Otto Scharmer qualifie le Social Presencing Theater de « System Sensing » ( Le Ressenti d’un système ). Le mouvement vise à solliciter l’intelligence somatique des individus et des collectifs pour les mettre à l’écoute, par le ressenti ( Presence + Sensing ), des dynamiques à l’œuvre dans un système en vue de sa transformation. Il permet de créer une image d’une situation complexe par le mouvement d’un groupe, et de visualiser cette métaphore incarnée et ressentie par chacun de cette situation, de ses blocages et des pistes pour dénouer ces blocages. Les échanges qui s’ensuivent sont d’une richesse inspirante pour co-créer des stratégies de changement. Sa créatrice est Arawana Hayashi. « Elle a inventé une pratique dans laquelle les individus apprennent à utiliser leurs corps pour explorer, individuellement et collectivement ce que l’intellect ne peut jamais totalement capter – les structures sociales complexes que nous autres humains créons, et au sein desquelles nous nous trouvons coincés » commente Peter Senge.

Pourquoi approfondir l’intelligence du corps en tant qu’animateur en processus créatifs ?

Nous sommes tous familiers de ce qu’on appelle l’intelligence kinesthésique et de l’intérêt d’avoir recours au sein d’un atelier de créativité, à des moments où l’idéation passe par le corps. Par exemple lorsque les mains créent un prototype, où les personnes, imprégnées du défi à résoudre, vont lâcher les techniques verbales pour un temps d’expression non-verbale laissant leurs mains créer des représentations de solutions. Les nouvelles pistes qui surgissent sont souvent étonnantes.

Au-delà de ces techniques, je suis convaincue qu’approfondir l’intelligence de mon corps est clé pour enrichir ma posture de facilitatrice-formatrice en intelligence créative. Porter attention au langage et à l’expression du corps apporte calme, concentration, clarté, joie et intuition. Ces pratiques ouvrent à la prise de conscience de ce que Robert Dilts nomme « le champ génératif ». Autrement dit, ces dynamiques subtiles au sein d’un groupe ; ce qui permet de les prendre en compte avec souplesse.

Faire de son corps un allié, c’est permettre aux participants d’apprivoiser la fluidité créative de leur corps en mouvement, et les bénéfices immédiats pour un climat créatif vivant et pour l’intégration de nouveaux savoirs en situation d’apprentissage.

Alors oui, il s’agit de continuer à danser les étapes et les postures du CPS, et d’explorer bien d’autres trouvailles encore !

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