Partie 2 / 2 – Suite de l’article “Encourager et valoriser la pensée divergente à l’école“
« Se sentir acteur dans un monde de plus en plus indifférent à l’unité humaine, participer » William Gordon, 1961 – co-fondateur de l’approche de la synectique avec George Prince
Ce mode de pensée va participer grandement au développement de la pensée complexe, chère à Edgar Morin, de par ses mises en relation, confrontations, réajustements et de ce fait, permettre de préparer à des opérations mentales et développer des compétences telles que : la motivation, l’émulation, “Et si…”, l’estime de soi, la flexibilité, l’exploration, “Oui, et…” …
On voit là le lien direct avec les habiletés qu’il nous semble urgent de pouvoir développer aujourd’hui :
- vivre ensemble dans nos différences,
- collaborer,
- penser par soi même et se garder ses « solutions miracles »,
- développer estime de soi ;
- devenir acteur, créateur de sa vie, « trouver son élément » comme dirait Ken Robinson…
Faire de l’apprentissage un jeu d’aventure
Faire appel à la pensée divergente va faciliter l’apprentissage, notamment dans toute la phase clef d’exploration de l’objet d’apprentissage :
- Apprendre à l’enfant à se poser et à poser des questions
- Solliciter la curiosité de l’enfant
- L’entraîner à explorer d’autres réponses, d’autres voies, avec le « et si ? »
Pour éveiller ce désir d’apprendre , de multiples approches sont possibles :
- Mettre en place des défis créatifs ouverts, des « situations-problèmes » ludiques.
- Favoriser les questions ou projets pluridisciplinaires, transverses, permettant d’établir des ponts, des passerelles et favorisant une vision globale.
- Pratiquer de petits exercices créatifs et ludiques en dehors des exercices purement scolaires et formels.
- Proposer un environnement riche en objets qui permettent la créativité, le détournement d’objets, les constructions, les agencements et le « penser avec les mains ».
- Favoriser l’autonomie dans le questionnement, la recherche d’informations, et les échanges entre pairs.
- Instaurer un climat de classe propice au respect, à l’acceptation des différences de réponses ou de façons de faire, avec le droit de « dire des bêtises », de se tromper, un climat d’émulation et non de comparaison et de compétition, donc sans moqueries et jugements.
Et bien sûr, adopter une posture ouverte :
- Valoriser, encourager les réponses même si elles semblent farfelues,
- Inciter les élèves à dérouler le sens de leur raisonnement, ou de leurs ressentis,
- Prévoir de grandes séquences pédagogiques d’expérimentation ou de recherche autonome, sans évaluation somative,
- Pratiquer lors des évaluations formatives et somatives l’art de l’Avocat de l’Ange, l’art de différer son jugement- et l’art du « oui et… » plutôt que du « oui…mais ! »,
- Garder en tête qu’il n’y a pas d’erreur bête, qu’il n’y a que des erreurs intelligentes. C’est à l’adulte de comprendre le raisonnement de l’enfant,
- Poser des questions pour permettre à l’enfant de développer son raisonnement et son ressenti et de lever par lui-même les incohérences si besoin,
- Ne pas être dupe des « croyances limitantes de l’enfant » : « de toutes façons, moi je suis nul en … » , ou « je n’y arriverai jamais… » , sortes de prophéties auto-réalisatrices qui l’empêchent de sortir de sa zone de confort – donc accompagner cette sortie de sa zone de confort avec beaucoup de patience et encourager l’effort,
- Avoir confiance en l’intelligence de l’enfant : « je crois en toi », « tu as les capacités pour réussir », « tu peux le faire », « tu n’y arrives pas encore et tes efforts vont te permettre d’en venir à bout ».
Bref, faire de l’apprentissage un jeu d’aventure, fait de plaisir de la découverte et de collaboration.
Faire de l’apprentissage un processus créatif en 3 grandes phases :
- S’approprier le défi de l’apprentissage : faire émerger le désir d’apprendre, en ouvrant large le questionnement
- Découvrir les ingrédients, les lois, les procédés, les contenus, à partir d’expériences, de recherche active, de partages
- Consolider l’apprentissage s’entraîner et transférer les apprentissages dans d’autres contextes
- Ouvrir l’apprentissage à des séquences ultérieures ou à un contexte plus global